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pièces de vers latins aussi imprimées : l’une sur sa prison, l’autre sur la mort de madame la princesse sa mère, où, à son ordinaire, il donnoit à dos à celui qui avoit le dessous, et traitoit le cardinal Mazarin de semi-vir ; et, pour montrer à M. le Prince qu’il a fait ces vers-là durant sa prison, il en prend M. l’évêque d’Angoulême à témoin. Dans ces vers, il appelle le cardinal imbelle caput, comme si un cardinal devoit être guerrier ; et puis, celui-là a été à la guerre.

Sur la fin de ses jours il eut une grande mortification de voir le grand applaudissement qu’avoient les lettres de Voiture ; il ne put se tenir de le témoigner. Ce fut ce qui produisit la dissertation latine de Girac et la Défense de Voiture que Costar lui adressa malicieusement à lui-même, car il se moque de lui en cent endroits. Ce fut une nouvelle recharge au pauvre homme, et cela avança ses jours de quelque chose. Dans l’historiette de Costar, nous parlerons de cette querelle plus amplement.

Balzac et Girac étant allés dîner avec M. de Montausier à Angoulême, M. de Montausier parla de l’édition de Voiture, et dit qu’il falloit demeurer d’accord que c’étoit l’original des lettres galantes : cela déplut furieusement à Balzac. Au sortir de là, il répéta les mots que M. de Montausier avoit prononcés, et ajouta : « Que deviendront donc mes lettres ? » Il pria Girac de lire Voiture et de lui en dire son avis. Le lendemain Balzac en envoya donc un exemplaire à Girac, avec un billet latin, où il le prioit de lui en dire son sentiment en latin. Girac le fit ; mais il prétend que Balzac y a mis quelque chose du sien : Balzac envoya ce prétendu jugement de Girac à Paris. Costar,