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l’assuroit de tous les respects, de toute la vénération et de tout ce qui est au-dessous du culte et de l’adoration : ce sont les termes obligeants d’une fort longue et fort belle lettre.

« Je ne vous parle point des compliments de M. l’évêque de Rodez, de ceux de M. de La Motte Le Vayer ni de toutes les autres personnes de mérite qui sont auprès de Leurs Majestés. Ma gazette seroit trop longue, monsieur ; ce que j’y ajoute du mien, c’est la joie que j’ai sentie de voir toute la cour faire la cour à notre ermite, et de voir ce généreux ermite au-dessus de toutes les faveurs et de toutes les recherches de la cour. Il n’en a pas pour cela quitté une seule de ses calottes ; il n’en a pas eu plus de complaisance pour lui-même. J’ai passé depuis ce temps-là plusieurs jours en sa compagnie ; mais je ne me suis pas aperçu que c’étoit à lui que tous ces honneurs avoient été rendus ; et si je n’en eusse été le témoin, je serois en danger d’ignorer long-temps une chose si glorieuse à mon ami et si avantageuse à tous ceux qu’il aime. Il ne sait pas même que je vous écris toutes ces circonstances ; et quoique je lui aie dit que je voulois vous mander cette partie de son histoire, je n’oserois lui faire voir cette partie de ma relation, tant il a de peine à souffrir les choses qui le favorisent. Il ne veut pas même que j’attribue à sa modestie l’indifférence qu’il a eue pour les caresses du grand monde ; son chagrin et son dégoût ne méritent point, à ce qu’il dit, un si beau nom, et il aime mieux que nous l’appelions insensible que de consentir aux témoignages que nous devons à sa vertu. Ajouterai-je encore à ceci les compliments extraordinaires qu’il