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bassadeur, et, sans doute, ces faveurs lui eussent été suspectes, si M. le cardinal n’en eût dit autant, et aux mêmes termes, à M. de Roussines, frère de M. de Balzac. J’étois présent, et plusieurs honnêtes gens de la cour furent témoins lorsque Son Éminence lui redit les mêmes paroles que M. de Terlon avoit avancées, faisant ainsi de sa bouche à une personne non suspecte des compliments qui ne pouvoient plus être suspects.

« M. Servien enchérit beaucoup au-delà chez M. le marquis de Montausier[1] ; mais M. de Lionne ne fut pas plus tôt arrivé qu’il envoya son premier commis vers M. de Balzac, pour lui témoigner le désir impatient qu’il avoit de le voir ; qu’il y avoit vingt ans que ce désir faisoit une de ses plus violentes passions ; qu’il avoit fait le voyage de Guyenne avec plaisir, quelque juste indignation qu’il eût d’ailleurs contre le voyage, pour voir le plus grand homme du monde, etc. ; qu’il le prioit de lui mander positivement (ce furent les termes de son envoyé) s’il lui feroit déplaisir de l’aller visiter en sa maison, parce qu’il n’y avoit que sa défense absolue qui pût l’en empêcher. M. de Balzac, usant de la liberté qu’il lui donnoit, le supplia de n’en point prendre la peine[2] ; et cette excuse, qui eût peut-être déplu à un moins honnête homme que n’est M. de Lionne, lui donna matière d’une lettre, en laquelle, parmi quelques douces plaintes du rigoureux traitement qui lui est fait, il

  1. En parlant à Roussines. (T.)
  2. Véritablement, voilà bien répondu. M. de Montausier dit qu’il n’a jamais écrit en ces termes-là à personne. (T.)