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« Vous savez, monsieur, que nous avons eu la cour depuis peu de jours en cette ville. Lorsque la Reine[1] en approcha de deux journées, elle commanda expressément qu’on ne donnât aucun logement aux troupes qui accompagnoient Leurs Majestés dans les terres de M. de Balzac[2]. Sa faveur ne fut point bornée à ces petits soins, elle ordonna[3] à M. de Saintot, maître des cérémonies (il faisoit aussi la charge de grand-maréchal-des-logis), de la loger dans la maison de M. de Balzac[4]. Ce commandement fut si exprès qu’il ne se put exécuter sans quelque désordre : les logis étoient déjà faits à l’arrivée de M. de Saintot. L’évêché étoit marqué pour la Reine ; le Roi étoit dans une maison contiguë ; les autres logemens étoient marqués et déjà occupés ; mais il fallut tout changer pour satisfaire au désir de la Reine et honorer M. de Balzac absent.

« À l’arrivée de Sa Majesté, il fut demandé avec instance. Sa Majesté ne vouloit recevoir aucune des excuses qu’on donnoit à sa retraite[5]. Enfin, comme

  1. Elle qui ne sait pas lire, et ne les connoît point. (T.) — Cela veut dire apparemment que la Reine, étant espagnole, lisoit peu les livres françois.
  2. Ne diriez-vous pas qu’il en a autant dans ce pays-là que M. de La Rochefoucauld ? Cependant Balzac, qui n’est point paroisse, est à Roussines son frère aîné ; et dans la paroisse d’Asnières, Forgues, son parent, a un fief, et Balzac loge dans un autre, qui est, je pense, à sa sœur. La seigneurie est au Chapitre d’Angoulême. Ce fut M. de Montausier qui, avec bien de la peine, en fit déloger les gens de guerre. (T.)
  3. Cela est faux. (T.)
  4. La maison étoit alors à son père, et est présentement à l’aîné ; c’est la plus commode de la ville. D’abord on alla à l’Évêché ; mais le logement n’étoit pas si aisé. Ce n’est pas la première fois que la cour a occupé cette maison. (T.)
  5. Elle ne songea pas à lui. (T.)