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général des Feuillants, qui cherchoit à faire claquer son fouet, se mit à écrire contre lui, et je pense que c’est le meilleur. Il lui dit en quelque lieu qu’il n’a guère de cervelle de s’attaquer à un corps qui ne meurt jamais. Il donna belle prise aux gens sur ses vanités. Sorel[1], qui n’avoit alors que dix-huit ans, a voulu, dans le Francion, railler de lui en la personne de son pédant Hortensius. Je pense qu’il s’en avisa devant le Feuillant.

Il a été un temps que c’étoit la mode d’écrire contre Balzac. À Bruxelles même, Saint-Germain ne l’épargna pas, à cause qu’il louoit le Roi et le cardinal de Richelieu. Il y eut je ne sais quel barbouilleur de papier, je ne sais quel bavard Saintongeois, qui se mêla aussi de faire un méchant petit livre contre lui et contre le père Goulu tout ensemble. Il le fit bâtonner dans sa propre chambre, au saut du lit, par un gentilhomme de ses amis nommé Moulin Robert ; et après, car le cavalier n’avoit point déclaré de la part de qui il lui faisoit ces caresses, il fit imprimer une espèce de nouvelle intitulée : La Défaite du paladin Javerzac[2], par

  1. Auteur du Berger extravagant. (T.)
  2. Nom de ce garçon. (T.) — La Défaite du Paladin Javerzac est imprimée au tome second, pag. 172 du supplément aux Œuvres de Balzac. On ne peut convenir avec Tallemant que cette pièce soit une jolie chose ; c’est une série de plaisanteries lourdes et même grossières sur un sujet qui pouvoit ne pas déplaire à une époque où les coups de bâton venoient quelquefois à l’appui de la critique. On y voit que cette ridicule punition fut infligée à Javerzac, le 11 août 1628. Balzac avoit conservé du regret de cette action barbare ; car au lit de mort il fit appeler Javerzac, et le pria de lui rendre son amitié. (Voyez la Relation de la mort de M. de Balzac, à la suite de ses Œuvres.)