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point dédié Le Prince ni ses lettres. « Se croit-il assez grand seigneur pour ne point dédier ses livres ? » Son humeur à louer trop de gens le choqua ; mais, ce qui le fâcha le plus, ce sont ces deux lettres qui sont au bout du Prince, où il se mêle de parler de la Reine-mère et du cardinal. Il y a un endroit où il dit : « Le Roi qui, à votre prière, a pardonné à quarante mille coupables, n’a pu obtenir d’elle qu’elle pardonnât à un innocent. — Votre ami, dit le cardinal à Bois-Robert, est un étourdi : qui lui a dit que je suis mal avec la Reine-mère ? Je croyois qu’il eût du sens ; mais ce n’est qu’un fat. »

Malherbe dit un jour à Gomberville, à propos des premières lettres de Balzac : « Pardieu ! pardieu ! toutes ces badineries-là me sont venues à l’esprit ; mais je les ai rebutées. » Il fit imprimer les fragments du Prince, qui étoient beaux pour fragments, avec une préface de Faret, où il y avoit que dans le premier livre il feindroit qu’un Anglois avec un bonnet blanc, etc. Depuis, il a dit que cette aventure étoit véritable. Il disoit comme cela ce que contiendroit chaque livre ; le dernier devoit être le Ministre. Or, le cardinal de Richelieu, étant mal satisfait de lui à cause de ces deux lettres qui sont au bout du Prince, et aussi à cause qu’il ne le lui avoit pas dédié, ne se soucia plus de lui ; cela fut cause que ce Ministre ne parut point. Depuis, il le fit imprimer sous le nom d’Aristippe, mal satisfait du cardinal Mazarin, dont il fait comme le portrait ; on l’a vu depuis sa mort.

Les moines furent tous contre lui à cause d’un endroit où il dit : « Que les moines sont dans le monde ce qu’étoient les rats dans l’arche. » Le père Goulu,