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Bois-Robert y étant, il eut un accès de folie ; il dit qu’il étoit Bertaut : l’abbé le prit par un de ses gemini, et le fit bien crier : « Pardieu, dit le fou, vous pouviez bien me faire sentir un peu plus doucement que je n’étois point Bertaut[1]. »

Bois-Robert dit que d’abord il trouva que sa femme faisoit la dolente, et qu’elle pleuroit. « Eh ! lui dit-il, madame, ne jouez point la comédie devant vos bons amis ; ce qui me fâche, c’est que cet homme déclaré fou, vous ne serez plus maîtresse de son bien ; au moins c’est l’avis de M. Champion. — Je ne crois pas, répondit-elle brusquement, qu’il en sache plus long que M. Pucelle, qui est de l’opinion contraire. — Ah ! lui dit alors Bois-Robert, voilà parlé comme il faut ; vous ne jouez plus la comédie à cette heure. » Il est vrai que, pour une habile femme, elle ne s’est guère souvenue du précepte du Grand-Duc, qui dit à la Reine-mère : Fate figliuoli in ogni modo.

À Paris, il est encore plus fou qu’à la campagne. L’autre jour, il pensa attraper le petit Boileau, dont il a quelque jalousie. Il est quasi toujours en fureur ; il se lâcha un matin, et se déchira toute sa chemise : car il étoit au lit, et tout nu, montrant toute sa vergogne, il vouloit aller au Palais.

Plusieurs fois, il a jeté des assiettes à la tête de sa femme. On le va enfermer. Madame de La Vrillière disoit : « Ce ne sont que des vapeurs ; » elle s’alla jouer à lui, et il la pensa dévisager.

Ces dernières vacations, il avoit prié Boileau d’aller avec eux à Tanlay ; quand il fallut monter en carrosse,

  1. Voyez plus haut, p. 124 de cet article.