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ne sachant que faire, se mettoient quelquefois au lit après dîner.

Madame de Toré fut visitée de tout le monde ; quelques-uns y furent pour se moquer de sa tapisserie de velours cramoisi à crépines d’or. On a su d’une parente de M. de La Vrillière, que madame de Toré, soit qu’elle ne sût pas le monde, ou qu’elle ignorât que M. d’Angoulême, le bonhomme, s’étoit remarié, demanda à madame d’Angoulême où elle logeoit et qui étoit son père, et le tout de si mauvaise grâce que la dame d’honneur de madame d’Angoulême lui demanda : « Et vous, madame, étiez-vous jamais venue à Paris ? »

Toré, le lendemain de ses noces, dit « qu’il pensoit trouver........ ; mais qu’il n’avoit rien trouvé de tout cela. » En effet, elle étoit plus maigre encore qu’elle n’est à cette heure : elle s’est bien engraissée chez M. d’Emery. À deux jours de là, Toré avoua que c’est une sotte chose que de se marier, et qu’il étoit déjà bien las de sa femme.

Il contoit familièrement qu’il donnoit à sa femme, avant que de l’épouser, quasi toutes ses hardes, et que quand son mari mourut, il étoit tout près d’en avoir les dernières faveurs ; qu’il ne craignoit rien d’elle, parce qu’il connoissoit tous ses galants. Cependant, au bout de quelque temps, il lui ôta tout ce qu’elle avoit de domestiques avant qu’elle fût mariée.

Pour le père, il faisoit tant de civilités à cette belle-fille, que Toré disoit que s’il avoit à être jaloux, ce seroit plutôt de son père que de personne. Il le fut bien pourtant de l’abbé Pellot, frère d’un beau-frère de madame d’Emery. Ce garçon, qui étoit fort