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Quand le cardinal le voulut faire intendant des finances, il en dit au Roi mille biens ; le Roi lui dit : « Hé bien ! mettez-y ce M. d’Emery. On m’avoit dit que ce coquin de Particelli y prétendoit. » Il y en a qui ajoutent que le cardinal dit : « Ah ! Sire, Particelli a été pendu ! » mais je n’y vois pas d’apparence.

Étant intendant, il fut envoyé aux États, en Languedoc, et y fit révoquer la pension de cent mille livres qu’ils donnoient au gouverneur. Cela et autres choses qu’il fit à M. de Montmorency désespérèrent ce seigneur, et le portèrent à faire ce qu’il fit après. Aussi, madame la princesse de Condé, sans considérer que d’Emery avoit ordre de harceler ainsi son frère, le haïssoit terriblement.

S’en allant faire un voyage, pour n’avoir pas la peine d’écrire à sa femme par les chemins, il laissa plusieurs lettres à Darsy, un de ses commis, pour les donner selon leur ordre à madame d’Emery. Darsy, qui étoit un mauvais agent, ne considéra pas que cette femme étoit tombée malade, et que les lettres du mari ne pouvoient plus servir ; il lui donna une lettre où il y avoit : « Je suis ravi d’apprendre que vous êtes toujours en bonne santé. » Cela fit un bruit du diable.

Il n’étoit point libéral, et Marion[1] ne subsistoit que des affaires qu’il lui faisoit faire.

Ses amourettes se trouveront par-ci par-là dans les historiettes des femmes qu’il a aimées ; son exil et son retour, dans les Mémoires de la régence : mais il faut parler de son fils. Ce garçon devint amoureux de la

  1. Marion de l’Orme, célèbre courtisane, dont on verra plus bas l’article.