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empêcher ses parents de la voir : il fallut en passer par là.

L’été suivant, comme il eut acheté la terre de Morfontaine, vers Senlis, ils eurent dispute sur les meubles qu’il y vouloit faire porter ; cela alla à rupture, et il s’aperçut quelques jours après qu’elle enlevoit tantôt dans son carrosse, tantôt dans les carrosses de ses amies, ce qu’elle avoit de meilleur. Il s’y opposa, disant qu’il en étoit chargé ; ils s’échauffèrent ; elle demanda à se séparer, et nomma pour arbitres le président de Novion et le président Bailleul, et lui le président de Champlâtreux et un autre. La chose fut réglée à quinze mille livres de pension[1]. Le Cogneux, depuis cela, a payé pour plus de trois cent mille livres de taxes ; il en rapporte les quittances : mais il n’en a rien payé ; le Roi lui en fit don. Voilà déjà sur treize cent mille livres qu’elle avoit trois cent mille livres et plus d’escroquées. Elle lui a donné l’habitation de sa maison par contrat de mariage. Elle a mis deux cent cinquante mille livres dans la communauté ; elle est morte depuis, en 1659, chez sa sœur, où on la fit venir pour être plus en liberté. Là, M. Joly, le curé, fit que Le Cogneux l’alla voir comme elle étoit malade de la maladie dont elle mourut. Elle y fit un testament où il y a bien des

  1. On est surpris que deux écrivains du temps, Tallemant et Conrart, aient pris la peine de nous transmettre des querelles de ménage du président Le Cogneux. Ils ne se sont cependant pas entendus entre eux, car on a vu plus haut, dans l’article sur Conrart, que Tallemant s’étoit brouillé avec le premier secrétaire perpétuel de l’Académie françoise. Les lecteurs pourront rapprocher cette partie des Mémoires de Tallemant de ceux de Conrart insérés au tome 48 de la deuxième série de la Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France, pages 192 et suivantes.