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chez qui on les avoit mis, dit que comme elle les avoit reçus du mari et de la femme tout ensemble, elle ne pouvoit les rendre que par l’ordre de l’un et de l’autre. Madame Le Cogneux prend cela pour un grand outrage, comme si le mari n’étoit pas le maître de la communauté, et s’il n’avoit pas les papiers en sa puissance. Le secrétaire, ayant reçu l’ordre de faire fermer la porte du jardin, dit à madame Le Cogneux qu’il en étoit au désespoir ; elle lui dit qu’il la fît boucher ; mais à peine cette porte étoit-elle à demi bouchée qu’elle fait l’enragée, veut battre les maçons, et la porte demeura ainsi jusqu’au retour du président, qui la fit boucher tout-à-fait.

Madame Pilou, qui, après, se mêla de les accommoder, dit que madame Le Cogneux mettoit en fait que ce mauvais traitement venoit de ce qu’elle n’avoit pas voulu donner tout son bien à Bachaumont, qui l’eût redonné à son frère. Le président répondoit à cela qu’il ne le voudroit pas quand sa femme le voudroit ; qu’après tout Bachaumont en seroit le maître, et que n’ayant que deux ans moins que sa femme, il ne vivroit apparemment guère plus qu’elle. Elle disoit aussi qu’il ne lui donnoit que six pistoles par mois pour ses menus plaisirs. Le secrétaire a fait voir à madame Pilou les comptes qu’elle arrête elle-même, puis le mari les signe. Elle a pris dix pistoles par mois pour son jeu ; mais il n’a tenu qu’à elle d’en prendre davantage. Par malice elle avoit fait mettre sur ce compte : « À madame la présidente, pour faire ses dévotions le premier dimanche du mois,3 liv..........

Trois sottes femmes, sa sœur, femme de Galand, cadet du mari de madame Le Cogneux, car ils avoient