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me connoissez pas mal ; mais si votre belle-sœur veut être tant soit peu complaisante, je vivrai fort bien avec elle. »

Le grand vacarme arriva du temps de Pontoise[1], où Le Cogneux étoit, pour un paquet que Le Camus apporta au secrétaire de Le Cogneux. Ce secrétaire avoit été tout petit à elle ; il y avoit dedans une lettre par laquelle il ordonnoit à cet homme d’aller trouver je ne sais quelle femme, et de lui donner de l’argent pour faire aller madame de Boudarnault à Mantes[2]. Ce secrétaire qu’elle fit venir lui dit : « Madame, si vous me croyez vous dissimulerez ; un autre recevra la commission qu’on me donne, et n’aura pas pour vous toutes les considérations que j’aurai ; laissez-moi faire, vous vous en trouverez bien avec le temps. » Elle ne le veut point croire, et écrit à son mari une lettre où il y avoit quelque chose d’assez plaisant, et quelque chose aussi de fort offensant, et elle appeloit ces femmes en trois endroits, vos putains ; il y avoit que ce seroit une belle chose que de voir arriver tout cet attirail dans une petite ville, où rien ne se peut cacher, et Le Cogneux, piqué de cette lettre, ordonne quelque temps après à ce secrétaire de fermer la porte du jardin dont nous avons déjà parlé, car il logeoit chez sa femme, sous prétexte qu’encore qu’en allant à Pontoise on eût ôté tout le meilleur de la maison, on pouvoit pourtant soustraire beaucoup de choses dont il étoit chargé par le contrat de mariage ; il voulut faire retirer en même temps les papiers ; mais une dame,

  1. En 1652, qu’une partie du Parlement y alla. (T.)
  2. Madame de Boudarnault étoit fort décriée. (T.)