Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas été à la garde-robe, et que j’y fus dans cette maison. »

Revenons à la femme de Le Cogneux le jeune : elle eut huit jours du plus beau temps du monde, car le mari eut huit jours de complaisance. Il a l’esprit agréable quand il lui plaît ; elle étoit aussi contente qu’on se le peut imaginer ; mais, au bout de ce temps-là, on dit qu’en une compagnie il dit, pensant dire une plaisante chose : « Je vais revoir ma vieille ; » qu’elle le sut, et qu’elle en pensa enrager, car, outre qu’elle a toujours été jalouse, et qu’elle a bien donné de l’exercice à son mari sur cet article, elle a quelque chose de fort bourgeois, et elle s’est toujours prise pour une autre. Quand Le Camus l’aîné, son frère, voulut épouser la fille de De Vouges, l’apothicaire, elle, qui se voyoit dans l’opulence, car son mari avoit déjà fait fortune, comme si le fils d’un notaire, à qui on assuroit cent mille livres après la mort du père, eût été bien gâté de prendre la fille d’un apothicaire avec vingt-cinq mille écus et assez jolie, lui qui n’étoit qu’un idiot (il l’a bien fait voir, car il s’est ruiné depuis), elle s’y opposa, fit fermer la porte du jardin qui alloit chez son père, et fut un an sans vouloir voir ni le père ni le fils. M. de Maisons le père la voulut épouser, et aussi le procureur-général Fouquet. Elle ne voulut point être belle-mère. Feu Noailles, Cossé et M. de Schomberg y pensèrent ; elle disoit que les gens de la cour la mépriseroient. Son beau-frère Galand lui dit toute l’humeur de Le Cogneux, et ajouta : « Je sais bien que vous ne manquerez pas de le lui redire ; mais je veux acquitter ma conscience. » Elle n’y manqua pas. Le Cogneux dit à Galand : « Vous ne