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trop raisonnable, lui dit naïvement : « Monsieur, les aliziers font les alizes, et les sottisiers font les sottises. »

Bezançon, qui le quitta depuis, lui chanta une fois en une débauche un impromptu sur une chanson qui couroit à la louange du cabaret, dont la reprise étoit :

Mais parce qu’au tac du couteau
On a tout ce que l’on demande.

Gaston qui savez mieux que nous
Tous les secrets de la taverne,
De celui-ci souvenez-vous,
Ou bien je crains qu’on ne vous berne.
Ma foi ne faites pas le veau :
Frappez si fort qu’on vous entende,
Puisqu’au seul tac tac du couteau
On a tout ce que l’on demande.

Il voyoit les personnes de qualité, et ne faisoit point comme on veut que M. d’Anjou fasse.

La plus belle chose qu’il ait faite en sa vie, c’est d’avoir gardé la foi à sa seconde femme[1], et n’avoir jamais voulu l’abandonner. C’est une pauvre idiote, et qui pourtant a de l’esprit. Quand on les remaria à Meudon, après la mort du cardinal, elle pleuroit, parce qu’elle croyoit avoir été en péché mortel jusque là. Elle est belle, mais elle a les dents gâtées et tient la tête entre les épaules. Il est vrai qu’elle se redresse en dansant et danse bien. C’est tout le contraire de sa devancière qui étoit fière comme un dragon. Le

  1. Marguerite de Lorraine.