n’avoit pu gagner ; ceux-là s’attachoient au Roi. Il fit donc prier Guitaud de le venir voir, le reçut le plus civilement du monde, ordonna qu’on le menât dîner, et qu’on lui fît bonne chère. Après dîner, il le fit venir seul, et lui demande s’il ne vouloit pas être de ses amis. « Monseigneur, j’ai toujours été attaché au Roi. — Eh ! dit le cardinal en levant le bras par trois fois par mépris, monsieur de Guitaud, vous vous moquez ; allez, allez, monsieur de Guitaud. » L’affaire de Tréville le troubla fort : cela aida à le faire mourir.
Après la mort du cardinal de Richelieu, le Roi témoignoit de la joie de recevoir les paquets lui-même. Il disoit qu’il n’auroit jamais de favori à garder. Il affectionnoit, ce sembloit, M. de Noyers plus que pas un autre ; et quand on parloit de travailler, si M. de Noyers n’y étoit pas : « Non, non, disoit-il, attendons le petit bon homme. » L’autre venoit avec sa bougie en catimini. Il étoit bon pour servir sous un autre. Il étoit, disoient les gens, Jésuite galloche[1], car il l’étoit sans porter l’habit et sans demeurer avec eux. Ce fut lui pourtant qui fit chasser le Père Sirmond[2], mais c’étoit pour en mettre un autre qui fût plus Jésuite, s’il faut ainsi dire, car ce bon Père est un peu trop franc, et il ne fait que de petits livres ; eux veulent qu’on fasse de gros volumes. Le petit bon homme, se fiant à l’affection du Roi, se trouva attrapé, car le cardinal Mazarin et Chavigny donnoient à ceux qui approchoient le Roi ; et quoiqu’il fût toujours à Saint-Ger-