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l’écuyer Georges avec de belles lardoires et de grandes longes de veau. Et une fois, je ne sais qui vint dire que Sa Majesté lardoit. Voyez comme cela s’accorde bien, majesté et larder !

J’ai peur d’oublier quelqu’un de ses métiers. Il rasoit bien ; et un jour il coupa la barbe à tous ses officiers, et ne leur laissa qu’un petit toupet au menton[1]. On en fit une chanson :

Hélas ! ma pauvre barbe,
Qu’est-ce qui t’a faite ainsi ?
C’est le grand roi Louis
Treizième de ce nom
Qui toute a ébarbé sa maison.

Ça, monsieur de La Force,
Que je vous la fasse aussi :
Hélas, Sire, nenni ;
Ne me la faites pas,
Plus ne me connoîtroient vos soldats.

Laissons la barbe en pointe
Au cousin de Richelieu,
Car, par la vertudieu,
Qui seroit assez osé
Pour prétendre la lui raser ?

Il composoit, en musique, et ne s’y connoissoit pas mal. Il mit un air au rondeau sur la mort du cardinal :

Il est passé, il a plié bagage, etc.


Miron, maître des comptes, l’avoit fait.

  1. Depuis ceux qui ne sont pas trop âgés l’ôtent, et on n’a que les moustaches. (T.)