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LE MARÉCHAL DE BRÉZÉ[1],
SON FILS ET MADEMOISELLE DE BUSSY.


Le maréchal de Brézé étoit de la maison de Maillé ; mais celle de Brézé étoit entrée dedans celle-là, et ils en devoient porter le nom. Il épousa la sœur du cardinal de Richelieu, alors évêque de Luçon. Cette femme étoit folle, et est morte liée, ou du moins enfermée. Elle croyoit avoir le cul de verre, et ne vouloit point s’asseoir. Elle s’appeloit Nicole ; et le Père Cotton, en faisant son Oraison funèbre, disoit : « La grande Nicole Du Plessis, » comme on disoit la grande Anne[2]. Quand elle fut mariée, elle ne voulut point retourner à la province. Que fit son mari ? un beau jour, il fit ôter tous les meubles, jusqu’aux rideaux du lit de madame, et la laissa là. Elle fut enfin toute glorieuse d’aller en Anjou.

M. de Brézé fut capitaine des gardes-du-corps, puis maréchal de France, et gouverneur de l’Anjou et de Saumur. Le cardinal dégagea tout son bien, ou, pour mieux dire, l’acheta ; mais il l’en laissoit jouir. L’a-

  1. Urbain de Maillé, marquis de Brézé, né vers 1597, mort en février 1650 au château de Milly, près de Saumur.
  2. Une chanson de ce temps-là :

    Avec la fille à la grande A, A, A, A, A, Anne. (T.)