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nes. Elle a dit, parlant à une femme de ses amies : « Il est mon mari, comme votre mari est le vôtre. »

Quand il fut de retour au commencement de la régence, elle lui parla aux Tuileries, et, ne voyant pas qu’il y eût lieu d’espérer qu’il la reconnût pour sa femme, elle donna ordre de parler à M. d’Elbeuf, pour faire le mariage du prince d’Harcourt et d’elle ; et elle avoit les articles qu’il ne falloit plus que signer, quand, en un tourne-main, elle change et épouse le palatin : c’étoit le quatrième fils de Fréderic V. Ce garçon ne savoit où donner de la tête. Elle lui fit changer de religion aussitôt après. La Reine s’en fâcha : on avoit assez de princes dépossédés sur les bras. Ils s’éloignèrent pour quelque temps : le mariage de la Reine de Pologne raccommoda tout. Ç’a été un des garçons du monde le mieux faits ; mais, depuis son mariage, il est tout voûté et tout farouche ; il n’y a qu’un certain Anglois dont il s’accommode : hors cela il est toujours tout seul. Il eut une espèce de folie et pensa demeurer hors du sens : c’étoit en Champagne. Durant cette maladie elle ne partit pas du pied de son lit : c’est un pauvre homme. Dans les Mémoires de la régence il sera parlé amplement d’elle.