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permet, je demanderai à la Reine ce que cela veut dire. — Ah ! petite fille, répliqua le Roi, je vois bien qu’il ne vous en faut pas dire davantage. » La petite fripone, qui étoit bien avec celles à qui la Reine témoignoit le plus d’affection, dit cela à l’une d’elles. La Reine, quelques jours après, en parla à la petite de Mailly, et ajouta : « Il en a depuis cajolé une autre. » C’étoit peut-être pour l’empêcher d’y penser. « Je n’ai rien à souhaiter, madame, lui répondit-elle, sinon que les autres ne l’écoutent pas plus que moi. » En ce temps-là, M. d’Arpajon, qui mouroit d’envie d’être maréchal de France, et qui avoit tant pesté quand Gassion le fut, s’offrit à aller porter le collier de l’Ordre au roi de Pologne. Le voyage lui a coûté cher ; mais il espéroit que ce prince demanderoit après qu’on donnât le bâton à ce monsieur l’ambassadeur extraordinaire ; mais il n’étoit pas encore à Dantzick que le Roi mourut : il fit pourtant le voyage.

On se plaignit ici de ce que la reine de Pologne n’avoit point donné avis de la mort de son mari, et qu’on fut long-temps sans recevoir de ses nouvelles ; mais elle étoit malade. On la fit régente durant l’interrègne ; ce fut un grand bonheur pour elle que la mort du fils de son mari, car elle fut demeurée une pauvre reine douairière : voilà encore des hausses qui baissent.

Le prince Casimir, ce fou qui s’étoit fait jésuite, et que nous avons vu ici au bois de Vincennes, après qu’on l’eut pris il y a vingt ans, comme il alloit servir les Espagnols, fut enfin élu roi, et eut dispense du pape pour épouser sa belle-sœur, sous prétexte que le mariage n’avoit point été consommé avec le feu Roi, qui avoit été, disoit-on, toujours malade.