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Monsieur, alors veuf, en devint amoureux. La maison de Guise, qui avoit du pouvoir auprès de la Reine-mère, s’opposa à ce mariage, et la chose alla si avant que madame de Longueville et la princesse Marie en furent quinze jours prisonnières au bois de Vincennes.

M. de Mantoue mort, Monsieur ayant quitté la cour, et madame de Longueville n’étant plus au monde, la princesse Marie étoit tantôt à Nevers, tantôt à Paris : ses affaires n’étoient pas trop en bon état. Elle cabala avec M. le Grand[1] pour débusquer le cardinal en résolution de l’épouser si elle le voyoit premier ministre. La nuit il la vint voir plusieurs fois. Il ne se pouvoit pas, dans le dessein qu’ils avoient, qu’ils ne vécussent avec quelque familiarité ; mais on n’en a jamais rien dit de fâcheux.

Elle fut avertie que M. le Grand étoit arrêté avant que personne le sût à Paris : la voilà bien embarrassée, car M. le Grand avoit une terrible quantité de ses lettres. Elle envoie prier mademoiselle de Rambouillet de la venir voir, car elles étoient très-amies ; elle lui conte sa déconvenue, et la supplie de parler pour elle à madame d’Aiguillon. Dès le soir même elle se rendit à l’hôtel de Rambouillet, pour aller au Palais-Royal, où madame d’Aiguillon s’étoit retirée sur quelques ouïs qu’on la pourroit bien enlever au faubourg. Madame de Rambouillet dit qu’elle n’a jamais rien vu de si désolé. Madame d’Aiguillon la reçut le mieux du monde, et lui fit rendre ensuite toutes ses lettres. On dit, à propos de cela, que quand Des-Yveteaux, intendant de l’ar-

  1. Cinq-Mars.