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sœur, où depuis elle prit l’habit et est morte religieuse. Au retour de Lyon, madame de Longueville court vite voir sa fille ; mademoiselle Le Maistre la lui pensa rendre. « Non, dit-elle, je n’ai personne encore pour en avoir soin ; faites-moi la grâce de venir avec moi pour quelque temps. » Elle y fut un an.

Pour revenir à M. Chapelain, M. de Longueville vit les deux livres, en fut charmé, et dit à M. d’Andilly qu’il mouroit d’envie d’arrêter M. Chapelain. On lui en parle ; il dit qu’il étoit engagé à la cour pour secrétaire de l’ambassade de M. de Noailles à Rome[1] : mais, quelque temps après, ce M. de Noailles lui ayant fait une brutalité, il le planta là, dont l’autre pensa enrager, et remua ciel et terre pour le ravoir ; mais Bois-Robert le servit auprès du cardinal de Richelieu, qui croyoit lui être obligé à cause de son ode. M. de Longueville apprend cela, et fait que M. Le Maistre, l’avocat, lui mène M. Chapelain, et après avoir causé quelque temps ensemble, M. de Longueville entre dans son cabinet avec M. Le Maistre, tire d’une cassette un parchemin, demande le nom de baptême de M. Chapelain, et en remplit le vide. M. Le Maistre, en s’en retournant, dit à Chapelain dans le carrosse : « Voilà un parchemin où il y a quelque instruction pour votre dessein touchant le comte de Dunois. » M. Chapelain le prend, et, arrivé chez lui, trouve que c’étoit un

  1. C’est un abus que ce terme de secrétaire d’ambassade pour le secrétaire de l’ambassadeur. Il n’y a proprement qu’à Venise où il y ait des secrétaires d’ambassade, car la république nomme un noble Vénitien pour conférer avec un ambassadeur. Chaque nation en a un. (T.)