Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/405

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au cœur. Je n’ai jamais tant ri sous cape que de le voir cajoler Pelloquin, une belle fille qui étoit à madame de Montausier, et qui avoit bien la mine de se moquer de lui, car il avoit un manteau si usé qu’on en voyoit la corde de cent pas ; par malheur encore c’étoit à une fenêtre où le soleil donnoit, et elle voyoit la corde grosse comme les doigts.

Chapelain a toujours eu la poésie en tête, quoiqu’il n’y soit point né ; il n’est guère plus né à la prose, et il y a de la dureté et de la prolixité à tout ce qu’il fait. Cependant, à force de retâter, il a fait deux ou trois pièces fort raisonnables : le Récit de la Lionne[1], la plus grande partie de Zirphée, et la principale, l’ode au cardinal de Richelieu, que je devois mettre la première. MM. Arnauld (car il cajoloit jusques au docteur qui étoit alors au collége), et quelques autres de ses amis, lui firent faire tant de changements à cette pièce, qu’elle parvint à l’état où on la voit, et sans difficulté c’est une des plus belles de notre langue[2]. J’y

  1. Cette pièce est indiquée dans la liste des poésies de Chapelain placée à la suite du Catalogue manuscrit des livres de sa bibliothèque, sous ce titre : Récit de la belle Lionne au ballet des Dieux, commençant par ce vers :

    Mortels de qui l’esprit s’étonne, etc.


    et a été imprimée, sous le nom de Montfuron, dans les Poésies choisies (Paris, Charles de Sercy, 1660, cinquième partie, pag. 337), sous ce titre : Récit de mad. P. (mademoiselle Paulet) au ballet des Dieux, représentant l’astre du Lion.

  2. Cette ode a été imprimée dans le Recueil des plus belles pièces des poètes françois. Amsterdam, 1692, t. 4, p. 61. Elle est composée