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je suis assuré, lui dit-il, que je n’y perdrai pas[1]. »

Ce qui l’a le plus rebuté ç’a été de voir que ses Danaïdes[2] eussent si mal réussi ; elles eussent été plus propres à Athènes qu’à Paris. Le libraire le pensa faire enrager, en lui disant : « Pour vos Danaïdes, elles passeront avec vos autres ouvrages. » Madame Cornuel disoit en sortant : « Je veux demander la moitié de mon argent ; je n’ai entendu tout au plus que la moitié de la pièce. » C’est tout ce qu’il pourra faire que de vivre ; son petit volume d’Épigrammes réussit mieux.

Il n’a jamais voulu imprimer les Danaïdes ; le cardinal les voulut ouïr. Bois-Robert avoit étourdiment donné rendez-vous à Cerisay[3], qui avoit fait la moitié d’une tragi-comédie qu’il n’acheva point, et à Gombauld tout ensemble, et quand ce vint à lui, le cardinal étoit las d’entendre lire.

C’est le plus cérémonieux et le plus mystérieux des hommes. Il a découvert, dit-il, le secret de faire des sonnets facilement, et s’il l’eût su plus tôt, il en eût au-

  1. Ce passage est bien extraordinaire. Godeau, évêque de Vence, ne pouvant conserver l’évêché de Grasse avec celui de Vence, essaya de traiter du premier, et il y parvint ; mais comment a-t-il pu penser à le proposer à Gombauld, qui, comme le dit Tallemant, étoit huguenot à brûler ? Il suffit de parcourir les Traités et Lettres de Gombauld, touchant la religion, pour avoir la démonstration qu’il n’admettoit que la religion de Luther et de Calvin. Ces Traités sont contenus dans un petit volume assez rare, dont Conrart a été l’éditeur. Il porte au frontispice la sphère, comme quelques Elzévirs, et il a été imprimé à Amsterdam, 1669, petit in-12.
  2. Les Danaïdes, tragédie, par M. de Gombauld ; Paris, Courbé, 1658, in-8o. Cette pièce est dédiée au surintendant Fouquet.
  3. On lit Serisay au manuscrit. Ne seroit-ce pas Habert, abbé de Cerisy, que Tallemant auroit voulu désigner ?