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rité. On dit qu’il prit cela de travers, et quand on lui dit sur ce vers aux Muses :

Allez sur les bords de Céphise,


qu’il n’avoit rien à commander aux neuf doctes sœurs, ce ne fut que pour rire et le faire donner dans le panneau.

Il croit toujours qu’il a mille ennemis qu’il n’a point. Il m’a dit que, de rage de ce que l’Endymion réussissoit, un homme l’avoit jeté dans le feu. Son caractère est l’obscurité, et cependant il croit être l’homme du monde le plus clair. Il fut si têtu qu’il ne voulut jamais ôter du commencement de ses poésies ce sonnet que l’on n’entend pas, et qui n’a pas servi au débit de son livre ; il l’entendoit lui, « et puis, disoit-il, je l’ai fait pour être à la tête. » Il y avoit je ne sais quoi, comme une espèce d’avant-propos, qu’il vouloit que M. d’Enghien prît pour une épître dédicatoire, quoiqu’il ne le nommât point, et que cela ne lui fût point adressé.

Ses vers pour l’ordinaire ne vont point au cœur ; ils ne sont point naturels ; puis il y a un grand nombre de sonnets, et pour bien rimer il tire souvent les choses par les cheveux. Ses vers de ballets et ses épigrammes valent mieux ; mais ce qu’il a fait de meilleur en vers et en prose, ce sont ses ouvrages chrétiens. Il n’y a ni sel ni sauge à ses lettres imprimées qu’il croit être autant de chefs-d’œuvre. Je crois que c’eût été un grand personnage s’il eût été évêque ; aussi M. de Vence lui voulut-il un jour transporter son évêché, « et