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En une rencontre de voyage, il dit qu’il ne pouvoit suivre sans argent. La Reine lui dit : « Allez chez le trésorier lui dire de ma part que j’entends que vous soyez payé. » Le trésorier dit : « Monsieur, tout le monde dit de même. Je demanderai ce soir à la Reine ce qu’elle veut que je fasse ; venez demain matin. » Il y alla : « Elle en a marqué deux, dit le trésorier, vous en êtes l’un. » Il fut payé. Il dit que cela dura dix-huit mois, et que s’il eût eu des amis, on ne lui eût rien refusé ; mais que, depuis, la religion lui nuisit.

Il fit l’Endymion[1] durant qu’il étoit au fort de sa faveur. Ce livre fit un furieux bruit. On disoit que la Lune étoit la Reine-mère, et effectivement, dans les tailles-douces, c’est la Reine-mère, avec un croissant sur la tête. On disoit que cette Iris, qui apparoît à Endymion au bout d’un bois, c’étoit mademoiselle Catherine. La Reine témoigna de le vouloir entendre lire, car il avoit beaucoup de réputation, et effectivement c’est un beau songe. Pour Gombauld, il y entend cent mystères que les autres ne comprennent pas, car il dit que c’est une image de la vie de la cour, et que qui le lira avec cet esprit y trouvera beaucoup plus de satisfaction[2]. Il en avoit tant fait de lectures avant que de le faire imprimer, que M. de Candale, quand ce livre

  1. Endymion ; Paris, 1624, in-8o.
  2. En ce temps-là un garçon de Blois, nommé Duvivier, avoit fait une comédie en vers où il y avoit tous les idiômes de France ; le gascon, qui étoit, comme vous pouvez penser, un capitan, disoit qu’il étoit aimé de toutes les belles ; et parlant des déesses, il dit de la lune :

    Mais elle loge un peu bien haut,
    Et puis je la laisse à Gombauld. (T.)