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çois : « Je crois bien, dit l’autre, en France il est parmi ses anciens amis, il n’a que faire qu’on l’accompagne ; mais parmi des marranes[1], il en a besoin. »

Elle donne aux églises, et ne paie pas ses dettes. Dans sa vision de cagoterie, elle dit à toute chose : « En vérité, cela fait dévotion, » et le dira quelquefois d’une chose qui n’y aura aucun rapport. C’est simplement pour dire : « Cela me touche. »

Elle a passé quelquefois des nuits entières, le ventre à terre, dans l’église de Saint-Sulpice.

Les deux mariages de ses neveux l’ont si brouillée avec la cour, que je le mettrai dans les Mémoires de la Régence.




LE CARDINAL DE LYON[2].


Alphonse-Louis Du Plessis étoit l’aîné du cardinal de Richelieu. Il fut destiné à être chevalier de Malte ;

  1. Expression injurieuse. « Dans le temps que nous autres François étions ennemis des Espagnols, nous les traitions de marranes, comme ils nous traitoient de gavaches. » (Glossaire des anciens termes qui se trouvent dans les Œuvres de Clément Marot, édit. de Lenglet-Dufresnoy ; la Haye, 1731, in-12, t. 6, p. 316.) Cette injure renferme le reproche d’être de la race des Arabes et des Mahométans. (Dict. de Trévoux.)
  2. Alphonse-Louis Du Plessis de Richelieu, aîné du cardinal, et décédé le 23 mars 1653. Le Conservateur de mai 1755 contient quelques lettres de lui à son frère, et la Bibliothèque du Roi possède un Recueil in-folio de ses lettres à Louis XIII et à des personnages de sa cour.

    On cite son épitaphe :

    Pauper natus sum, pauperiem vovi,
    Pauper morior, inter pauperes sepeliri volo.