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y tomba et se rompit une cuisse, ce dont elle mourut.

Comme le maréchal étoit fort jeune, il fut comme accordé avec mademoiselle de Rambouillet, aujourd’hui madame de Montausier ; mais M. de Gramont, son père, voulut lui donner si peu, que M. et madame de Rambouillet ne s’y purent résoudre.

Son commencement fut à Montausier ; il y acquit quelque réputation ; cependant il n’a jamais pu passer pour brave, quoiqu’en quelques endroits il ait payé de sa personne ; au contraire, la bataille d’Honnecourt, qu’il perdit, le décria si fort que plusieurs vaudevilles, qu’on appelait les Lampons[1], ayant été faits contre lui, on l’appela quelque temps le maréchal Lampon. On l’y traita de sodomite.

Monseigneur, prenez courage,
Il vous reste encore un page.
 Lampons, etc.


On appela même de certains grands éperons, des éperons à la Guiche : alors il ne s’appeloit que le maréchal de Guiche. On le fit général d’armée pour le faire maréchal de France. Tout son plus grand exploit fut de prendre La Bassée, qui n’étoit rien en ce temps-là. Tout le monde fut surpris de lui voir sitôt donner le bâton ; mais il avoit épousé une parente du cardinal. Voici comme la chose se passa : le cardinal de Richelieu, voulant attraper Puy-Laurens, dit au comte de Guiche : « Je vous avois promis mademoiselle Pont-Château la cadette, je suis bien fâché de

  1. Parce que la reprise étoit Lampons, Lampons, camarades Lampons. (T.)