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Rambouillet raconte qu’il disoit les choses fort agréablement et fort à propos. Ayant sacré l’évêque de Riez, ce prélat l’en alla remercier : « Hélas ! monsieur, lui dit-il, c’est à moi à vous rendre grâces : avant que vous fussiez évêque, j’étois le plus laid des évêques de France. »

Une fois, en prêchant, il fit une digression fort longue : « Je sais bien, dit-il après, que cette digression n’est pas autrement selon les règles de Démosthène, de Cicéron, ni de Quintilien ; mais Dieu garde de mal Quintilien, Cicéron et Démosthène ! Je ne laisserai pas de poursuivre. »




LE MARÉCHAL DE GRAMONT[1].


Il est fils du comte de Gramont[2], gouverneur du Béarn, et qui eut un brevet de duc au commencement de la régence. C’étoit un méchant mari, au moins pour sa première femme[3], car, sur quelque soupçon, il la mit dans une chambre où le plancher en un endroit s’enfonçoit, et on tomboit dans un trou profond. Elle

  1. Antoine, troisième du nom, duc de Gramont, maréchal de France, né en 1604, mort à Bayonne le 12 juillet 1678.
  2. Antoine de Gramont, deuxième du nom, comte de Gramont, de Guiche et de Louvigni, souverain de Bidache.
  3. Louise de Roquelaure, fille du maréchal de ce nom. Il l’avoit épousée en 1601. Il se remaria en 1618, avec Claude de Montmorency Bouteville.