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tesse, alors mademoiselle d’Attichy[1], lui manda qu’elle la remercioit de son souvenir, mais qu’elle la prioit de ne trouver pas mauvais qu’elle ne vît point la nièce du meurtrier de son oncle.

Elle passoit, quand elle étoit fille, pour la plus déréglée personne du monde en fait de repas et de visites ; mais ce n’étoit rien au prix de ce que c’est à cette heure, car elle a trouvé un homme qui lui dame bien le pion. Il fait tout le contraire des autres ; il voyage aux flambeaux ; il part régulièrement à la Saint-Martin pour aller à la campagne, et en revient au mois d’avril. Il s’amusoit à faire faire une galerie à une terre dont le parc étoit tout ouvert, et où il n’y avoit pas deux toits de murailles entières. Sa femme est toute faite comme lui. On demandoit à l’abbé de La Victoire : « Pourquoi ne reviennent-ils point des champs ? — Hé ! n’en voyez-vous pas la raison ? répondit-il, tandis qu’il fera vilain, ils n’ont garde de n’être pas à la campagne. » Une fois il les rencontra tous deux dans la forêt de Compiègne, qui alloient à Attichy, et à quatre grandes lieues en-deçà, il trouva leurs officiers. Les autres envoient leurs gens devant, eux sont bien aises d’attendre le souper jusqu’à l’aurore. On dîne chez eux quand on goûte ailleurs.

Lorsque mademoiselle d’Atry, fille du comte de Château-Vilain, sa parente, et mademoiselle de Vandy, logeoient ensemble chez la comtesse de Maure, on y faisoit pour le moins trois dîners, car jamais le comte et

  1. Le comte de Maure ne l’épousa que quand elle fut devenue héritière. Il avoit, lui, douze mille écus de rente, en fonds de terre de partage. (T.)