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perai bien, je vous enverrai quérir en carrosse à une lieue de La Victoire. » Il contoit que son cuisinier lui avoit demandé congé, disant qu’il oublioit avec lui le peu qu’il savoit : « Hé ! mon ami, lui dit-il, il n’y a rien plus aisé que de l’exercer ; va-t’en faire assaut avec les autres, va défier le célèbre Riolle, le cuisinier de M. Martin. »

Une fois que Bois-Robert l’étoit allé voir à son abbaye, dont il dit lui-même en riant que ce n’est point bon logis à pied et à cheval, et qu’il n’y veut que des piétons, M. de Guénégaud, le secrétaire d’état, envoya dire qu’il alloit venir. « Combien sont-ils ? — Il y a un carrosse à quatre chevaux. — Ha ! c’est bien du train. » Il faisoit le difficile. « Hé ! vous moquez-vous ? lui dit Bois-Robert ; ils vous ont donné tant de repas. » Au même temps, ils voient entrer deux carrosses à six chevaux, et six chevaux de selle. Il devint pâle comme son collet.




LE COMTE ET LA COMTESSE
DE MAURE.


Le comte de Maure est cadet du marquis de Mortemart de la maison de Rochechouart. Il est un peu fier de sa naissance. Il porta les armes en sa jeunesse ; depuis il se fit comme une espèce de dévot. Il a épousé mademoiselle d’Attichy, fille d’une sœur du maréchal de Marillac, et d’un commis d’Adjacetti, nommé Doni,