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vous voyez quelle marque d’amitié je vous donne. — Hé ! qui vous amène ? — Il faut bien secourir ses amis au besoin ! Qu’est-ce que veut dire cet homme ? Rêve-t-il ? — Quel homme ? Est-ce le bon[1] que vous voulez dire ? — Ne le nommez plus ainsi, m’amour ; il ne l’est plus. » Elles furent une heure avant que de s’éclaircir. Voilà la marquise enragée contre l’abbé ; elle ne le vouloit plus voir ; enfin, il lui fit dire que si elle ne lui pardonnoit, il feroit venir tous les enfans rouges et blancs chanter un de profundis dans sa cour. Elle eut peur d’en mourir, et ils firent la paix.




L’ABBÉ DE LA VICTOIRE.


Cet abbé de La Victoire s’appelle Coupeanville[2], et est d’une bonne famille de robe de Rouen. On n’a guère vu d’homme qui dise les choses plus plaisamment. Il fut présenté à la reine par Voiture, et il se fourra après de la société de M. le Prince.

La Reine en passant alla une fois à La Victoire ; c’est

  1. L’abbé de La Victoire désignoit ainsi le comte de Maure. (Voyez plus bas l’article du comte de Maure. L’article de ce spirituel abbé suit immédiatement celui-ci.)
  2. Il s’appeloit Claude Duval de Coupanville. Il fut nommé à l’abbaye de La Victoire en 1639, et mourut au mois de décembre 1676. Cette abbaye avoit été fondée par Philippe-Auguste, en action de grâces de la bataille de Bouvines, gagnée le 27 juillet 1214. (Gallia Christiana, t. 10, p. 1503 et 1507.)