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tausier que voulant envoyer un Voiture à madame de Savoie, elle voulut faire ôter une certaine lettre à M. de Chavigny, où il dit qu’il aimeroit mieux entretenir trois heures madame de Savoie que de faire cela, car quoiqu’il y ait une étoile, le sens y va tout droit, mais elle eut avis que Madame l’avoit déjà vue[1].

M. de Blairancourt disoit à madame de Rambouillet qu’on ne parloit que de ce livre ; il l’avoit lu, et il trouvoit que Voiture avoit de l’esprit. « Mais, monsieur, lui répondit madame de Rambouillet, pensiez-vous que c’étoit pour sa noblesse, ou pour sa belle taille, qu’on le recevoit partout comme vous avez vu ? »

Durant le blocus de Paris[2], Sarrasin écrivit en vers à M. Arnauld, qu’il ne nommoit point, et qu’il appeloit seulement maréchal, à cause qu’il étoit maréchal-de-camp ; cela courut, et comme on imprimoit tout en ce temps-là, cela fut imprimé avec ce titre : « L’ombre de Voiture au maréchal de Gramont. » Madame Saintot s’alla mettre dans la tête que Voiture n’étoit point mort (c’est signe qu’elle ne l’a point vu mourir), et sa raison étoit qu’il n’y avoit que Voiture qui pût avoir fait cette pièce.

L’été devant sa mort, il fit une promenade à Saint-Cloud avec feu madame de Lesdiguières et quelques

  1. C’est dans la lettre 138e, pag. 296 de l’édition de Voiture déjà citée. Voici le passage dont le sens n’a pu être compris jusqu’à présent : « Je consentirois d’entretenir quatre heures tous les soirs M***, pour avoir l’honneur de vous voir une demi-heure tous les jours. » Il semble que Chrétienne de France, duchesse de Savoie, aura eu quelque peine à se reconnoître dans cette lettre.
  2. En 1649.