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cauld leur donna une chasse magnifique ; à tous les relais, il y avoit collation et musique. À Xaintes, elles faisoient le cours à cheval dans la prairie, le long de la Charente, et il s’y trouvoit assez grand nombre de carrosses, car toutes les dames des environs s’y rendoient. Elles allèrent voir l’armée navale, et au retour elles reçurent le maréchal de Gramont avec le canon, et le firent complimenter par le présidial en corps. Pour lui, il leur disoit plaisamment : « Venez jusqu’à Bayonne et m’avertissez, afin que je fasse tenir des baleines toutes prêtes. » Cette réception fit une querelle. Le maréchal d’Albret passa aussi par Angoulême ; on ne lui fit point de fanfares. Il y fut quatre jours, et après cela il s’avisa de se fâcher de ce qu’on ne l’avoit pas traité comme le maréchal de Gramont. On répondit que ce n’étoit pas comme maréchal de France, mais comme un ancien ami qu’on l’avoit traité ainsi. « Ah ! ne suis-je pas aussi votre ami. » Le président de Guénégaud se plaignit aussi de ce qu’étant président aux enquêtes du parlement de Paris, le présidial n’étoit pas allé chez lui en corps. Je crois que cela ne se doit point.

Mademoiselle de Rambouillet, entendant cela, dit brusquement : « Hé ! de quoi s’avise ce président de Guénégaud de nous venir aussi chicaner ? » Ils se plaignirent encore de cela ; enfin la cour en eut vent, car, à cause de certaines gens de guerre qu’il falloit faire vivre sur le pays, le maréchal prétendoit avoir sujet de n’être pas content de M. de Montausier. Enfin cela s’apaisa.

Il y eut bien des gentilshommes mal satisfaits de mademoiselle de Rambouillet. Une fois elle dit tout haut