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mille livres de rente ; l’autre ne les vouloit point prendre. « Je n’ai besoin de rien, disoit-elle ; si j’étois en nécessité, cela seroit bon. » Madame d’Aiguillon répondoit : « Ce n’est point un don que je vous fais ; c’est simplement vous faire part d’une gratification du Roi. » Enfin mademoiselle de Rambouillet fut condamnée. Depuis, il y a eu quasi une pareille dispute entre madame de Rambouillet et M. de Montausier. Il avoit fait je ne sais quelle affaire avec le Roi sur les deniers de son gouvernement ; car tous gouverneurs, mais lui moins que les autres, sont tous partisans. Il vouloit que madame de Rambouillet en eût le bénéfice pour se rembourser des rentes sur les aides de Xaintes dont elle n’est point payée. Elle ne le voulut pas, et la petite de Montausier lui disoit : « Ma grand’maman, vous dites que mon papa est opiniâtre, mais je trouve que vous l’êtes bien plus que lui. » Montausier et sa femme en usent fort bien avec la marquise et avec leur sœur mademoiselle de Rambouillet.

On avoit parlé autrefois de marier[1] madame de Montausier à feu M. de Montausier, aîné de celui-ci. Ce fut madame Aubry qui en parla, mais après elle s’avisa de le garder pour elle. En arrivant à la cour, la première connoissance qu’il fit fut celle de cette dame. Un jour qu’elle lui parloit de madame et de mademoiselle de Rambouillet : « Hé, madame, lui dit-il,

  1. Comme on disoit un jour qu’il falloit la marier à un homme qui ne pût l’emmener hors de Paris, quelqu’un ajouta qu’il falloit alors la marier avec M. l’archevêque ; mais il se trompoit, car les prélats ont une telle aversion pour la résidence, que celui-ci aimoit mieux être à Saint-Aubin d’Angers qu’à Paris. (T.)