Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre les mains, je tâcherai de la réformer ou de la refaire tout de nouveau[1].

Vous trouvez à tout bout de champ dans Voiture des exclamations sur les lettres qu’il reçoit de mademoiselle de Rambouillet, et que même elle écrivoit fort bien en vieux style. On a perdu tout cela, et je n’ai rien pu recouvrer que quelques lettres d’elle à madame la Princesse, écrites avant le siége de La Rochelle, qui est un temps où l’on ne s’étoit pas encore autrement avisé de bien écrire. Il y a pourtant des choses dites avec beaucoup de délicatesse. Ces lettres (ce qui est notable) furent trouvées chez M. le cardinal de La Valette, après sa mort[2].

J’ai déjà dit l’amitié qui étoit entre madame d’Aiguillon et elle ; or, quand madame d’Aiguillon eut le don des coches, elle lui en donna pour cinq ou six

  1. L’Histoire de Zélide et d’Alcidalis n’a pas été achevée par Voiture. Ce qui en existe est imprimé dans les dernières Œuvres de l’auteur. Ce poète, écrivant à mademoiselle de Rambouillet, depuis marquise de Montausier, ne laisse point de doute sur le véritable auteur de cette nouvelle. Il dit en parlant de M. de Chaudebonne : « Je lui conterai une histoire plus agréable que celle d’Héliodore, et faite par une personne plus belle que Chariclée. Vous jugez bien, mademoiselle, que c’est celle de Zélide et d’Alcidalis que je lui ai promise, car il n’y en a point d’autre au monde de qui cela se puisse dire. Quelque stupide que je sois devenu, ne craignez point qu’en la contant, je lui fasse rien perdre de sa beauté, car dans tous mes maux je me suis encore conservé ma mémoire tout entière, et je crois qu’elle me servira fidèlement quand ce sera pour vous, puisque vous y avez autant de part que personne, et que je suis, etc. » (Voyez la lettre huitième de Voiture.) L’édition de ses œuvres, à la Sphère, 1697, contient la suite de l’Histoire de Zélide et d’Alcidalis, mais cette suite n’est pas de Voiture.
  2. Le cardinal de La Valette passoit pour avoir été l’amant de la princesse de Condé.