Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



MADAME DE MONTAUSIER[1].


Madame de Montausier s’appelle Julie-Lucine d’Angennes. Lucine est le nom d’une sainte de la maison des Savelles. Sa mère et sa grand’mère l’ont porté toutes deux ; et, pour l’ordinaire, dans cette maison, on ajoutoit toujours ce nom à celui qu’on donnoit aux filles en les baptisant.

Après Hélène, il n’y a guère eu de personnes dont la beauté ait été plus généralement chantée. Cependant ce n’a jamais été une beauté. À la vérité, elle a toujours la taille fort avantageuse. On dit qu’en sa jeunesse elle n’étoit point trop maigre, et qu’elle avoit le teint beau. Je veux croire, cela étant ainsi, que dansant admirablement, comme elle faisoit, qu’avec l’esprit et la grâce qu’elle a toujours eus, c’étoit une fort aimable personne. Ses portraits feront foi de ce que je viens de dire[2].

  1. Julie-Lucie d’Angennes épousa, comme nous l’avons déjà dit, en 1645, M. de Montausier.
  2. Il doit exister des portraits peints de madame de Montausier, mais on n’en connoît point qui aient été gravés de son temps. Il n’en est indiqué aucun dans la Liste de portraits qui termine le quatrième vol. de la Bibliothèque historique de la France, et MM. de Bure n’en possèdent point dans leur belle collection. Cette femme illustre a été seulement gravée dans ces derniers temps par Bonvoisin, d’après Mignard, pour le Choix d’Oraisons funèbres, donné en 1820, par Dussault. Mais ce portrait ne présente pas le caractère remarquable qui sembleroit de-