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çon, ils voyoient un cabinet si beau, si bien peint et presqu’aussi grand qu’une chambre, qui sembloit apporté là par enchantement. M. Chapelain, quelques jours après, y fit attacher secrètement un rouleau de vélin, où étoit cette ode où Zyrphée, reine d’Argennes, dit qu’elle a fait cette loge pour mettre Arthénice à couvert de l’injure des ans ; car, comme nous dirons bientôt, madame de Rambouillet avoit bien des incommodités. Auroit-on cru, après cela, qu’il se fût trouvé un chevalier, et encore un chevalier qui descend d’un des neuf preux[1], qui sans respecter la reine d’Argennes, ni la grande Arthénice, ôtât à ce cabinet, que depuis on appela la loge de Zyrphée, une de ses plus grandes beautés ? car M. de Chevreuse s’avisa de bâtir je ne sais quelle garde-robe dont la croisée qui donnoit sur son jardin fut bouchée. On lui en fit des reproches. « Il est vrai, dit-il, que M. de Rambouillet est mon bon ami et mon bon voisin, et que même je lui dois la vie ; mais où vouloit-il que je misse mes habits ? » Notez qu’il avoit quarante chambres de reste.

Depuis la mort de M. de Rambouillet, madame de Montausier a fait de l’appartement de monsieur son père un appartement magnifique et commode tout ensemble. Quand il fut achevé, elle voulut le dédier, et pour cela elle y donna à souper à madame sa mère. Elle, sa sœur de Rambouillet et madame de Saint-Étienne, qui

    lui a permis de planter une allée de sycomores sous ses fenêtres, et de semer du foin dessous. Elle se vante d’être la seule dans Paris qui voie de la fenêtre de son cabinet faucher un pré. (T.)

  1. Godefroy de Bouillon. (T.)