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M. de Reims aimoit furieusement à être loué de quelque façon que ce fût. N’avoit-il pas raison, et n’étoit-ce pas un homme bien louable ? Il avoit bien du plaisir à appeler mon fils M. d’Aumale, son coadjuteur (depuis M. de Nemours, qui est mort mari de mademoiselle de Longueville).

Le président du présidial de Reims, en dînant chez l’archevêque, se coupa comme il vouloit couper du veau. « Vous avez coupé dans le vif, monsieur le président », dit M. de Reims.

Il disoit du petit Camus (Camus Patte-Blanche), intendant de Champagne, qui se mettoit des tranches de veau sur le visage pour avoir le teint beau, que cela n’étoit pas permis, et que c’étoit soie sur soie[1].

Un peu avant que de mourir, il escroqua à la marquise de Maulny, sa nièce, une tapisserie assez belle. Elle croyoit qu’il lui donneroit quelque chose de meilleur. « Le vieux b...., disoit-elle, il n’a pu me laisser ma pauvre tapisserie. »

À la maladie dont il mourut à Paris[2], madame de Puisieux, sa sœur, fit tout vendre jusqu’à ses chevaux, en qualité de créancière, et aussi de peur que d’autres ne le fissent. Trois jours avant sa mort, comme il vit qu’on lui apportoit un bouillon dans une écuelle de faïence, il demanda un plat. On lui apporta un plat de faïence. « Quoi ! dit-il, toujours faïence ! » Il se douta bien que sa sœur avoit pris sa vaisselle d’argent. « Apportez-moi, dit-il, un bassin. » On lui en apporte un de faïence. Il y met dedans toute sa tri-

  1. Dans quelques ordonnances de nos rois il est défendu de porter soie sur soie. (T.)
  2. En 1651, vers Pâques. (T.)