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Bois-Robert, toujours bon courtisan, s’avisa de faire des vers contre les Frondeurs ; il n’y eut jamais un homme plus lâche. Le coadjuteur[1] le sut, et la première fois qu’il vint dîner chez lui : « Monsieur de Bois-Robert, lui dit-il, vous me les direz bien. » Bois-Robert crache, il se mouche, et sans faire semblant de rien, il s’approche de la fenêtre, et ayant regardé en bas, il dit au coadjuteur : « Ma foi, monsieur, je n’en ferai rien, votre fenêtre est trop haute. »

L’abbé de La Victoire dit que la prêtrise en la personne de Bois-Robert est comme la farine aux bouffons, que cela sert à le faire trouver plus plaisant.

Bois-Robert, en ce temps-là, s’abandonna de telle sorte à faire des contes comme celui des trois Racans[2], qu’on disoit, comme des marionnettes : Je vous donnerai Bois-Robert. De quelques-uns de ces contes-là, il voulut faire une comédie qu’il appeloit le Père avaricieux. En quelques endroits, c’étoit le feu président de Bercy et son fils, qui a été autrefois débauché, et qui maintenant est plus avare que son père. Il feignoit qu’une femme, qui avoit une belle-fille, sous prétexte de plaider, attrapoit la jeunesse ; là entroit la rencontre du président de Bercy chez un notaire, avec son fils qui cherchoit de l’argent à gros intérêts. Le père lui cria : « Ah ! débauché, c’est-toi ?

  1. Depuis cardinal de Retz.
  2. Voyez p. 129 et suiv. Du reste, l’histoire peut être arrangée, mais ce n’est pas un conte. « J’ai vu jouer cette scène ici par Bois-Robert en présence du marquis de Racan, et quand on lui demandoit si cela étoit vrai : « Oui-dà, disoit-il, il en est quelque chose. » (Ménagiana, t. 2, p. 54.)