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« Me voilà rétabli. » Il ne fit pourtant semblant de rien. L’abbé s’approche en sanglotant, fait la grimace tout du long, car il ne l’aimoit pas : lui, Grave et Palevoisin étoient jaloux de Bois-Robert, peut-être aussi les avoit-il joués, et enfin il lui dit que le Roi n’avoit pas voulu écouter Son Éminence, et lui avoit dit : « Bois-Robert déshonore votre maison. » Bois-Robert eut donc ordre de se retirer à son abbaye (elle s’appelle Châtillon) ou à Rouen, où il étoit chanoine ; il aima mieux aller à Rouen. Or ce désordre venoit de plus loin. M. le Grand, voulant perdre La Chesnaye, qui, comme je l’ai déjà dit, étoit l’espion du cardinal, s’adressa à Bois-Robert, et seul à seul, à Saint-Germain, lui dit qu’il avoit toujours fait cas de lui, et que M. le maréchal d’Effiat l’avoit toujours aimé ; que jusqu’ici M. de Bois-Robert n’avoit volé que pour alouettes et pour moineaux, et qu’il le vouloit faire voler pour perdrix et pour faisans ; qu’il lui falloit faire attraper quelque grosse pièce ; qu’il étoit temps qu’il pensât à sa fortune, et qu’il le prioit de le servir. « La Chesnaye, ajouta-t-il, me trahit ; il a eu une longue conférence avec M. le cardinal, dans le jardin, au sortir de laquelle Son Éminence m’a traité comme un écolier. Vous pouvez aisément me dire qui a introduit La Chesnaye auprès du cardinal, et qui sont ses amis dans la maison, je les veux tous perdre. » Ensuite il s’emporta un peu, et dit que le cardinal le maltraitoit, mais que par la mordieu..... et il s’arrêta sans rien dire davantage. Bois-Robert, voyant cela, eût bien voulu n’avoir point eu de conférence avec M. le Grand, et après lui avoir promis de savoir qui étoient les amis de La Chesnaye, s’en va chez