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port, ne put s’empêcher, après ces mots : quatre chevaux, d’ajouter : pour le tirer d’autant plus promptement de ce climat barbare. Je vous laisse à penser combien il eût mal passé son temps, sans la considération du mariage. Comme Bois-Robert faisoit un jour reproche de cela à madame de Chevreuse : « Vraiment, lui dit-elle, ce n’est pas la plus grande méchanceté que je vous aie faite ; je vous ai fait contrefaire le comte d’Holland une fois que le roi d’Angleterre et lui étoient cachés derrière une tapisserie. » Or ce comte d’Holland disoit : fou tistiquer pour il faut distinguer.

Bois-Robert, bien établi chez le cardinal de Richelieu, se mit à servir tous ceux qu’il pouvoit, car il est officieux.

Il avoit présenté au cardinal le panégyrique de Gombauld. Le cardinal le prit, le fit mettre auprès de son lit, et dit : « Je m’éveillerai cette nuit, et je me le ferai lire. » Ce n’étoit point le compte de Bois-Robert, et encore moins de Gombauld, qu’un garçon apothicaire, qui couchoit dans la chambre de Son Éminence, lût cette pièce. Bois-Robert se glisse tout doucement et la prend ; le cardinal s’éveille, ne trouve point le panégyrique ; il envoie voir si Bois-Robert étoit couché ; on lui dit que non ; Bois-Robert descend, lui avoue tout, et ajoute qu’exprès il ne s’étoit point couché : il lut les vers, qui plurent extrêmement au cardinal.

En ce temps-là, je ne sais quel provincial dédia un livre à Bois-Robert, où il lui donnoit la qualité de favori de campagne du cardinal de Richelieu. M. d’Orléans (Gaston) appeloit Du Boulay, un de ses officiers,