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Or l’on dit en proverbe : Les clercs de Montreuil-Bellay qui boivent mieux qu’ils ne savent écrire. Voici ce que c’est :

Une autre fois prenez plus de délai ;
Votre impromptu n’a pas le mot pour rire.
Vous êtes clerc, et de Montreuil-Bellay,
Qui buvez mieux que ne savez écrire.

Il disoit du feu roi d’Angleterre, Charles Ier : « C’est un veau qu’on mène de marché en marché ; enfin on le mènera à la boucherie. »

Quand nos plénipotentiaires à Munster eurent pris la qualité de comtes : « Ah ! dit-il, je me doutois bien que cette assemblée-là nous feroit des comtes borgnes ; » à cause de M. Servien qui n’avoit qu’un œil.

On joue fort chez lui. Il disoit d’un grand joueur nommé Miton, que c’étoit dommage qu’il ne s’appelât pas Marc ; qu’on diroit Mar-Miton.

Ménage, dans ses Origines, sur le mot de bougre, a mis ainsi : Bougre, je suis de l’avis, etc. « Ah ! lui dit Bautru, vous en êtes donc aussi, et vous l’imprimez ! tenez, il y a bien moulé : Bougre je suis[1]. » Cela me fait souvenir que Rumigny, l’hiver passé, trouva le pauvre Bautru, qui est tout perdu de goutte, dans sa chaise, auprès d’un si grand feu qu’il se brû-

  1. Il est probable que la plaisanterie rapportée par Tallemant fut effectivement faite à Ménage ; car ce commencement d’article qu’on lit dans la première édition de son livre : Les Origines de la langue françoise, Paris, 1650, in-4o, a été changé par l’auteur dans les éditions suivantes, où on lit : « Nos anciens François, au lieu de Bulgarie et Bulgare, disoient Bougrie et Bougre. »