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lui dit : « Qu’est-ce qui est plus hardi que Jainchère ? — Les faubourgs d’Angers, répondit-il, car ils ont toujours été hors la ville, et lui n’en est pas sorti. »

Il dit à la Reine-mère que l’évêque d’Angers étoit saint, et qu’il guérissoit la v...... L’évêque le sut, et s’en plaignit : « Eh ! comment l’aurois-je dit ? dit Bautru, il en est encore malade. »

Jouant au piquet à Angers contre un nommé Goussaut, qui étoit si sot, que pour dire sot on disoit Goussaut, Bautru vint à faire une faute, et, en s’écriant, dit : « Que je suis Goussaut ! — Vous êtes un sot, lui dit l’autre. — Vous avez raison, répondit-il ; c’est ce que je voulois dire. »

Il disoit à mademoiselle d’Auchy, fille d’honneur de la Reine-mère : « Vous n’êtes pas trop mal fine, avec votre sévérité. Vous avez si bien fait, que vous pourrez, quand vous voudrez, vous divertir deux ans sans qu’on vous soupçonne. »

M. d’Effiat le prit en amitié, et c’est de là, bien plutôt que du cardinal de Richelieu, que vient sa richesse. Bautru étoit bon courtisan, ou bon bouffon, si vous voulez ; de mœurs et de religion fort libertin, et tel, que M. d’Orléans lui écrivoit toujours : Au petit b...... Il étoit petit, mais bien fait.

Le marquis de Borbonne, un seigneur qui n’avoit point de réputation pour la bravoure, lui donna des coups de bâton ; je n’ai pu savoir pourquoi. Il en fit un vaudeville, où il y avoit :

  Borbonne
 Ne bat personne,
Cependant il me bâtonne.


La première fois qu’il alla au Louvre après cela, cha-