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lui dit Bassompierre, que vous avez plus d’esprit que moi aux pieds, mais j’en ai aussi ailleurs plus que vous. — Si je n’ai pas aussi bon bec, j’ai bien aussi bonne épée, répondit Montmorency. — Oui dà, répliqua Bassompierre, vous avez celle du grand[1] Anne de Montmorency. » On les accorda avant qu’ils se séparassent.

Il eut encore une querelle avec le duc de Retz[2], petit-fils d’Albert de Gondi et fils du marquis de Belle-Île. M. de Montmorency avoit été accordé et même marié, mais sans coucher ensemble, avec l’héritière de Beaupréau ; mais la Reine-mère fit rompre le mariage pour lui donner une de ses parentes de la maison des Ursins[3] qu’elle fit venir exprès[4]. Depuis, M. de Retz épousa mademoiselle de Beaupréau, et M. de Montmorency, au lieu de duc de Retz, l’appela duc de mon reste. On les accorda sur l’heure.

Sa femme, qui n’étoit pas une fort agréable personne, devint bientôt jalouse de lui. Cependant, pourvu qu’il lui fît confidence de ses galanteries, elle ne lui donnoit point de peine, mais elle ne vouloit pas qu’il lui mentît. M. de Montmorency avoit une telle vogue, qu’il n’y avoit pas une femme de celles qui avoient un peu la galanterie en tête, qui ne voulût, à toute force, en être cajolée, et il en est venu des provinces exprès pour tâcher à lui donner dans la vue. C’est pour cela que la marquise de Sablé, toute délicate qu’elle

  1. Il jouoit sur âne. (T.)
  2. Il vit encore, et a marié sa fille au frère aîné du cardinal de Retz. (T.)
  3. Marie Félice des Ursins, née en 1600.
  4. Un Ursin épousa la sœur du grand-père de la Reine-mère. (T.)