Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout ce qu’elle voulut : on la croyoit une sainte. Madame de Rambouillet y fut attrapée comme les autres. Elle dit qu’un jour que la Reine-mère y étoit allée, quand la Reine sortit, tous les seigneurs de la cour se présentèrent à la porte. Madame de Rambouillet eut peur que la vue du comte de Cramail, qui y étoit, ne détournât cette fille du bon chemin, et elle dit : « Ah ! mon Dieu, qu’il fait froid ! » et en disant cela elle baissa le voile de mademoiselle de La Rochepot.

Il y avoit trois ans qu’elle étoit Carmélite, quand son père vint à mourir. Elle étoit seule héritière avec la générale des galères ; cela lui fit quitter le couvent. Elle n’avoit point fait les vœux, disant toujours qu’elle ne se trouvoit pas assez en bon état. Elle sort sous prétexte de n’avoir pas assez de santé pour observer la règle. M. Du Fargis d’Angennes, cousin-germain du marquis de Rambouillet, homme de cœur, d’esprit et de savoir, mais d’une légèreté étrange, l’épouse. Il va en ambassade en Espagne. Elle l’y suit. M. de Rambouillet y alla un peu après ambassadeur extraordinaire. Au retour, le cardinal de Bérulle et les Marillac en parlent au cardinal qui, sur sa bonne réputation, la fait dame d’atour de la Reine. Madame d’Aiguillon lui servit extrêmement à gagner des procès qu’elle avoit. Elle recommence ses galanteries avec le comte de Cramail ; elle se mêle de toutes sortes d’intrigues. Il y a dans le Journal, que le président Le Bailleul la trouva une fois sur un lit qui étoit contre terre, n’ayant qu’un drap sur elle, et Béringhen, au-