dans les Mémoires de Charles IX. Enfin le fils de Blaise, un libraire assez célèbre, s’en ressouvint et le dit à son père ; et quand le gentilhomme repassa : « Monsieur, lui dit-il, il y a un curieux qui a ce que vous cherchez, mais sans être relié, et il en veut avoir cinq pistoles. — N’importe, » dit le gentilhomme. Le galant sort par la porte de derrière et revient avec les cahiers qu’il avoit décousus, et eut les cinq pistoles.
Le cardinal a aussi laissé des Mémoires pour écrire l’histoire de son temps[1]. Madame d’Aiguillon s’informa depuis de madame de Rambouillet, de qui elle se pouvoit servir pour écrire cette histoire. Madame de Rambouillet en voulut avoir l’avis de M. de Vaugelas, qui lui nomma M. d’Ablancourt et M. Patru. Elle ne voulut pas du premier à cause de sa religion. Pour Patru, à qui elle en fit parler par M. Desmarest, il lui fit dire que, pour bien écrire cette histoire, il falloit renoncer à toute autre chose ; qu’ainsi, il seroit obligé de quitter le palais ; qu’elle lui fît donc donner un bénéfice de mille écus de rente ou une somme une fois payée. Elle lui envoya offrir la charge de lieutenant-général de Richelieu. Il lui répondit que pour cent mille écus il ne quitteroit pas la conversation de ses amis de Paris. Depuis, il m’a juré qu’il étoit ravi de n’avoir pas été pris au mot, et qu’il auroit enragé d’être obligé de louer un tyran qui avoit aboli toutes les lois et qui avoit mis la France sous un joug insupportable. Il n’y
- ↑ On publia d’abord du cardinal l’Histoire de la mère et du fils, qui fut mal à propos attribuée à Mézerai. Ce n’est qu’en 1823 que M. Petitot donna, d’après le manuscrit du dépôt des Affaires étrangères, les Mémoires du cardinal de Richelieu, compris dans la deuxième série des Mémoires relatifs à l’histoire de France.