étoit. Malherbe le renvoya aux crocheteurs du Port-au-Foin, comme il avoit accoutumé ; et comme le Roi ne se tenoit pas bien convaincu, il lui dit à peu près ce qu’on dit autrefois à un empereur romain : « Quelque absolu que vous soyez, vous ne sauriez, Sire, ni abolir, ni établir un mot, si l’usage ne l’autorise. »
À propos de cela, M. de Bellegarde lui envoya demander un jour lequel étoit le meilleur de dépensé ou de dépendu. Il répondit sur-le-champ que dépensé étoit plus françois, mais que pendu, dépendu, répendu, et tous les composés de ce vilain mot, étoient plus propres pour les Gascons.
Il perdit sa mère environ l’an 1615, qu’il étoit âgé de plus de cinquante-huit ans ; et comme la Reine lui eut fait l’honneur de lui envoyer un gentilhomme pour le consoler, il dit au gentilhomme qu’il ne pouvoit se revancher de la bonté de la Reine qu’en priant Dieu que le Roi pleurât sa mort aussi vieux qu’il pleuroit celle de sa mère[1]. Il délibéra long-temps s’il devoit en prendre le deuil, et disoit : « Je suis en propos de n’en rien faire ; car regardez le gentil orphelin que je ferois ! » Enfin pourtant il s’habilla de deuil.
Un jour, au cercle, je ne sais quel homme, qui faisoit fort le prude, lui fit un grand éloge de madame la marquise de Guercheville[2], qui étoit alors pré-