et prirent le parti de la Ligue. Le marquis et sa galante tenoient pour le Roi : ils furent tous deux poignardés et jetés par la fenêtre.
Cette madame d’Estrées étoit de La Bourdaisière, la race la plus fertile en femmes galantes qui ait jamais été en France[1] ; on en compte jusqu’à vingt-cinq ou vingt-six, soit religieuses, soit mariées, qui toutes ont fait l’amour hautement. De là vient qu’on dit que les armes de La Bourdaisière, c’est une poignée de vesces ; car il se trouve, par une plaisante rencontre, que dans leurs armes il y a une main qui sème de la vesce[2]. On fit sur leurs armes ce quatrain :
Nous devons bénir cette main
Qui sème avec tant de largesses,
Pour le plaisir du genre humain,
Quantité de si belles vesces[3].
Voici ce que j’ai ouï conter à des gens qui le savoient bien, ou croyoient le bien savoir : une veuve à Bourges, première femme d’un procureur ou d’un notaire, acheta un méchant pourpoint à la Pourpointerie[4], dans la basque duquel elle trouva un papier où il y avoit : « Dans la cave d’une telle maison, six pieds sous terre, de tel endroit (qui étoit bien désigné), il y a tant en or en des pots, etc. » La somme étoit
- ↑ On dit qu’une madame de la Bourdaisière se vantoit d’avoir couché avec le pape Clément VII ; à Nice, avec l’empereur Charles-Quint, quand il passa en France, et avec François Ier. (T.)
- ↑ Les Babou écarteloient en effet au Ier et au 4e d’argent au bras de gueules, sortant d’un nuage d’azur, tenant une poignée de vesce en rameau de trois pièces de sinople. (P. Anselme, tome 7, page 180.)
- ↑ Ce mot étoit alors synonyme de femme éhontée. (Dictionnaire de Trévoux.)
- ↑ La Pourpointerie étoit, sans doute, le lieu où étaloient les marchands de vieux habits.