à quelqu’un. Ensuite il eut de la bonne volonté pour Haran, valet de chiens. Il voulut envoyer quelqu’un qui lui pût bien rapporter comment la princesse d’Espagne étoit faite. Il se servit pour cela du père de son cocher, comme si c’eût été pour aller voir des chevaux.
Le feu Roi ne manquoit pas d’esprit ; mais, comme j’ai remarqué ailleurs, son esprit tournoit du côte de la médisance ; il avoit de la difficulté à parler, et, étant timide, cela faisoit qu’il agissoit encore moins par lui-même. Il étoit bien fait, dansoit assez bien en ballet, mais il ne faisoit jamais que des personnages ridicules. Il étoit bien à cheval, eût enduré la fatigue en un besoin, et mettoit bien une armée en bataille.
Il étoit un peu cruel, comme sont la plupart des sournois et des gens qui n’ont guère de cœur, car le bon sire n’étoit pas vaillant, quoiqu’il voulût passer pour tel. Au siège de Montauban, il vit sans pitié plusieurs huguenots, de ceux que Beaufort avoit voulu jeter dans la ville, la plupart avec de grandes blessures, dans les fossés du château où il étoit logé. Ces fossés étoient secs ; on les mit là comme en lieu sûr, et il ne daigna jamais leur faire donner de l’eau. Les mouches mangeoient ces pauvres gens. Il s’est diverti longtemps à contrefaire les grimaces des mourants. Le comte de La Rocheguyon, étant à l’extrémité, le Roi lui envoya un gentilhomme pour savoir comment il se portoit : « Dites au Roi, dit le comte, que, dans peu, il en aura le divertissement. Vous n’avez guère à attendre, je commencerai bientôt mes grimaces. Je lui ai aidé bien des fois à contrefaire les autres, j’aurai mon tour à cette heure. »
Quand M. le Grand (Cinq-Mars) fut condamné, il dit : « Je voudrois bien voir la grimace qu’il fait à cette heure sur cet échafaud. »
Au voyage de Lyon, en une petite ville nommée Tournus, entre Châlons et Mâcon, un gardien des Cordeliers voulut faire accroire à la Reine-mère que le Roi en passant