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Quand il fut parti, quelqu’un dit au Roi : « Sire, vous ne connoissez pas le personnage, il est homme à faire ce qu’il vous vient de dire. » Le Roi sur cela y envoya, et on trouva le bonhomme qui chargeoit les sacs sur un crocheteur. Le Roi accommoda cette affaire.

Madame de Guise et mademoiselle de Guise, sa fille. depuis princesse de Conti, le furent solliciter une fois. Il les fit attendre assez longtemps, et après il se mit à crier tout haut : « Cheval, ces p…. sont-elles encore là-bas  ? »

Un seigneur, qui avoit gagné une grande affaire à son rapport, lui envoya un mulet qui alloit fort bien le pas. M. de Turin trouva ce mulet à son retour du Palais ; il ne fit autre chose que de prendre un bâton, et d’en frapper le mulet jusqu’à ce qu’il le vît hors de chez lui.

On dit qu’un gentilhomme lui fit une fois un grand présent de gibier. Il laissa descendre cet homme, mais comme il sortoit dans la rue, il lui jeta ce gros paquet de gibier fort rudement sur la tête, en lui disant qu’il apprît à ne pas corrompre ses juges.


M. ViÈTE

M. Viète étoit un maître des requêtes, natif de Fontenay-le- Comte, en Bas-Poitou. Jamais homme ne fut plus né aux mathématiques ; il les apprit tout seul ; car, avant lui, il n’y avoit personne en France qui s’en mêlât. Il en fit même plusieurs traités d’un si haut savoir qu’on a eu bien de la peine à les entendre, entre autres, son Isagogé, ou Introduction aux mathématiques. Un allemand, nommé Landsbergius, si je ne me trompe, en déchiffra une partie, et depuis on a entendu le reste. Voici ce que j’ai appris de particulier touchant ce grand homme. Du temps d’Henri IV, un Hollandais, nommé Adrianus Romanus, savant aux